Bonjour Rav La torah dit que Yaacov avinou a embrassé Rahel mais comment c'est possible alors qu'ils n'étaient pas encore mariés et on dit que les avot ont fait tous les misvot? Merci
Chalom Ouvrah'a!
Je vous poste la réponse qu'a rédigé à votre attention le Rav Chmouel Olivier. Désolés du retard.
"Le baiser évoqué par le texte peut s'entendre comme une marque d'affection dénuée de tout caractère intime, par exemple un baiser sur la main, qui, appliqué sur une toute petite enfant, n'est en rien un acte "déplacé".
C'est apparemment la lecture du Ari zal (dans P.E.Hayim, chap 14 de chabbat). Ou celle du midrach rabba, qui range le baiser de Yaakov dans le registre des signes affectifs familiaux et non sensuels.
Même si l'on s'entête à voir dans l'acte de Yaakov un problème "halakhique", celui d'une proximité physique avec une jeune fille qui n'est pas sa femme, il faut tenir compte d'un paramètre important :
Le respect des mitsvots par les Avoths ne prend pas la forme de l'observance post-sinaïtique qui est (souhaitons –le !) la nôtre. Les avoths observent les mitsvots par connaissance intime de leur utilité pour la construction et le maintien du monde. Aussi, certaines de ces ordonnances seront parfois "ajustées" ou adaptées aux circonstances. (Comme Yaakov qui épousa deux sœurs). Chose quasi-impensable après le Sinaï. En l'occurrence, nous n'avons idée de la grandeur édificatrice de ce geste de Yaakov dans la construction du peuple juif.
Rabbi Tsvi E. de Dinov dans son ouvrage Igra Dekala, assure que Yaakov était d'un tel détachement matériel qu'il ne s'imagine même pas éveiller un soupçon de suspicion. Il embrasse Rah'el comme il embrasserait des Téfilin. Autrement dit, pour y voir un acte déplacé, il faut avoir les idées déplacées.
Si l'on veut absolument justifier le geste de Yaakov sans déplacer ce baiser vers la main, et sans déplacer sa réflexion vers les hauteurs de Yaakov, le Haktav Veakabala propose tout simplement de traduire la Néchika du verset non comme un baiser, mais comme un "rapprochement", ce qui peut s'entendre comme un rapprochement dans l'esprit, avec celle qui allait devenir la mère du peuple juif. Car la racine N.CH.K peut se traduire par "proximité", ou "lien", et les occurrences ne manquent pas."
Kol touv!