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Qui est juif ?

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Mercredi 18 octobre 2017 à 11h47

Cher Rav,

 

Dans le livre des Juges (version Zadoc Kahn), je lis : "Les enfants d'Israël demeurèrent au milieu des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens.Ils prirent leurs filles pour femmes, donnèrent leurs propres filles aux fils de ces peuplades et adoptèrent leur culte".

 

Sur la base de la loi rabbinique, les enfants sont juifs par leur mère; Sur la base de la loi Thoranique, les enfants sont juifs par leur père. Selon ce texte du Livre des Juges, qui est partie totalement intégrante du Tanah, qui sont les juifs ?

 

La question est très grave, n'est-ce-pas ?

 

Merci de ne pas mettre ma question aux oubliettes, car c'est la deuxième fois que je la pose. Julius

Jeudi 19 octobre 2017 à 15h53

Chalom Ouvrakha !

 

Ce que vous affirmez que selon la Torah le judaïsme passe par le père ce n'est pas vrai.

Mais je en comprend pas la question. Pouvez vous me préciser plus précisément quelle est votre question ?

Merci 

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Jeudi 19 octobre 2017 à 22h39

Cher Rav, je ne comprends pas la difficulté de ma question. Le texte du livre des Juges (version Zadoc Kahn) montre très clairement que, à ce moment de l'entrée dans la Terre Promise, les femmes des enfants d'Israël sont les filles des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens, ce que D.ieu regrette clairement selon le texte. Si comme vous l'affirmez, la descendance du peuple d'Israël et donc la judaïté ne passe pas par le père selon la Torah, mais par la mère, alors les filles qui étaient israëlites étant devenues les femmes des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens, alors la descendance israëlite du peuple d'Israël est passée chez les Cananéens, les Hétéens, les Amorréens, les Phéréziens, les Hévéens et les Jébuséens. A partir de l'entrée dans la Terre Promise (puisque ce texte du début du livre des Juges relate l'entrée en Terre Promise), je crains et je regretterais que le peuple d'Israël n'ait plus été le peuple élu de Dieu, puisque la descendance israélite est passée chez les divers peuples nommés. Je crains que la certitude que vous exprimez,selon laquelle, selon la Torah, le judaïsme ne passe pas par le père, aurait créé alors un vrai problème logique relatif à "qui est vraiment le peuple d'Israël" dont nous devrions tirer malheureusement les conséquences pour nous mêmes et pour notre peuple tout entier. A titre d'exemple : la femme de Moïse n'était pas israélite, donc les enfants de Moïse ne l'étaient pas. La femme de Joseph était égyptienne, donc Ephraïm et Manassé n'étaient pas du peuple d'Israël (donc pas juif au sens d'aujourd"hui), de même pour Ruth la Moabite, ascendante du Roi David, qui n'était pas israélite (issue du peuple moabite) même si c'est l'une des rares femmes mentionnées dans le Tanach dont nous pourrions supposer qu'elle s'était réellement convertie au judaïsme et acceptée comme telle), et je pourrais continuer avec une très longue liste de femmes non israélites épouses d?hommes israélites dont la descendance a été considérée comme membre du peuple d'Israël. C'est pourquoi je renouvelle ma question différemment : comptes tenu de l'exposé ci-dessus et des exemples mentionnés, êtes vous vraiment si certain et si affirmatif sur le fait que selon la Torah le judaïsme ne passe pas par le père ? Avec tous mes remerciements pour votre réponse qui va contribuer à ma progression spirituelle.

Mardi 31 octobre 2017 à 18h18

Chalom Ouvrakha !

 

Je vous envoie la réponse que vous a répondu le Rav Olivier chlita. 

 

Cher Monsieur,

Votre question est intéressante et mériterait une réponse plus détaillée. Nous allons tenter d’y répondre brièvement.

La filiation par la mère est pour le judaïsme une évidence, mais « évident » n’implique pas « simple ». Concernant par exemple le statut de Cohen, celui des lois de successions, et, de manière plus générale, concernant la famille et l’aspect « social », la filiation passe par le père. C’est uniquement au niveau du statut d’ « israel » (ou de juif) à proprement parler que la filiation passe par la mère. L’explication de cette différence provient peut être du fait qu’au niveau de l’ « être » et de son statut basique, c’est la mère qui est considérée comme étant le facteur principale, puisqu’elle a porté et mise au monde la personne. Mais c’est une proposition comme une autre, vous être libre d’en proposer une autre.

 

Si la matrilinéarité est une évidence, c’est parce qu’elle figure dans la Michna et le Talmud, et qu’elle est déduite des versets de la Torah. Elle a donc pour source la Bible. Bien sûr, pour qui ne croit pas au caractère révélé de la Torah et à la Thora dite « orale », rien n’est évident dans cette affaire. Aussi, on ne s’étonnera pas de trouver chez certains chercheurs ou beaux esprits l’idée que la matrilinéarité est une intrusion pharisienne tardive.  Pour un juif fidèle à la Torah révélée, en revanche, ce n’est pas parce que les Sages déduisent la loi d’un verset qu’ils en sont les innovateurs. Bien au contraire.

 

Ceci étant posé, votre question se résumera donc à la question suivante : pourquoi les liaisons avec des femmes étrangères ne sont pas posées directement en termes de problème de filiation, dans la Bible et les Prophètes ?

A cela, il faut, nous semble-t-il, tenir compte des points suivants :

- a priori, avant le don de la Torah rien n’engage celle-ci au système de loi sinaïtique. D’autant plus que le concept de « juif » avant cette période reste flou.

- la Torah écrite s’intéresse essentiellement à la filiation paternelle parce que celle-ci est pertinente concernant les sujets qui y sont mentionnés : tribus, familles, héritages, etc. Puisque l’enfant né d’une étrangère n’est plus juif, point n’est besoin de mentionner sa filiation puisque celle-ci, pour ainsi dire, n’ « est plus » !

- les grands personnages qui prirent des femmes étrangères pour épouse, dans de nombreux cas, prirent la peine de les convertir, même si la Torah écrite ne prend pas la peine à chaque fois de le mentionner.

- Dire que des grands personnages ont fautés (à leur niveau), n’est pas nouveau dans la Torah. Et alors ? En quoi cela remet il en question la filiation ?

- Les textes des Juges ou d’Ezra etc. ne disent pas combien de personnes ont pris des femmes étrangères. Rien n’interdit de penser qu’il s’agit d’une minorité. Pour qui est familier de la Bible , telle considération est plus que fréquente. La Bible exagère sciemment la portée de certaines fautes pour des raisons qu’il serait long d’expliquer maintenant. Il est également possible que nombres de ces filles aient été converties. Nous n'en savons rien et d'ailleurs cela n'a pas l'air d'intéresser la Torah: ce qui l'intéresse c'est surtout le fait que les Israelites aient  été attirés vers ces autres peuples.  

- Au final, il ne faut pas oublier que la loi juive, pour déterminer la judéité se base sur le principe de h’azaka, ou présomption : quand bien même de nombreuses personnes parmi nous seraient issues de mariages mixtes dans un passé lointain, ils sont considérés comme juif tant que la vérité n’a pas été établie !  La vérité, à ce niveau, ce n’est pas l’histoire mais la loi. Est juif quiconque se déclare juif, né de mère juive. (dans la pratique, cette présomption doit être validée par un Beth Din car les problèmes sont fréquents). 

 

Bien à vous.

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Mardi 31 octobre 2017 à 23h42

Cher Rav Olivier Chlita, merci beaucoup pour votre réponse, qui m'interpelle toujours.

 

Vous écrivez : "Si la matrilinéarité est une évidence, c'est parce qu?elle figure dans la Michna et le Talmud, et qu'elle est déduite des versets de la Torah. Elle a donc pour source la Bible. Bien sûr, pour qui ne croit pas au caractère révélé de la Torah et à la Thora dite « orale », rien n'est évident dans cette affaire.

 

Aussi, on ne s'étonnera pas de trouver chez certains chercheurs ou beaux esprits l'idée que la matrilinéarité est une intrusion pharisienne tardive. Pour un juif fidèle à la Torah révélée, en revanche, ce n'est pas parce que les Sages déduisent la loi d'un verset qu'ils en sont les innovateurs. Bien au contraire.". Je crois au caractère révélé de la Torah, mais aussi de la totalite du Tanach. C'est pourquoi je serais ravi de connaitre les références des versets de la Torah desquels de grands esprits ont déduits la matrilinéarité qu'ils auraient retranscrits dans la Michna et le Talmud, qui ont ensuite permis à des Rabbins des 16eme te 17eme siècle de notre ère d'en tirer très tardivement la règle de la matrilinéarité. Vous écrivez : "Dire que des grands personnages ont fautés (à leur niveau), n?est pas nouveau dans la Torah. Et alors ? En quoi cela remet il en question la filiation ?" Cela remet en évidence que leur descendance ne font plus partie du peuple d'Israel, élu de D.ieu, C'est très vrai pour les enfants de Moïse, de Joseph (Ephraim et Manassé), et il y en a beaucoup d'autres dans les descendances ultérieures.

 

Vous écrivez : "La Torah écrite s'intéresse essentiellement à la filiation paternelle parce que celle-ci est pertinente concernant les sujets qui y sont mentionnés : tribus, familles, héritages, etc.

 

Puisque l'enfant né d?une étrangère n'est plus juif, point n'est besoin de mentionner sa filiation puisque celle-ci, pour ainsi dire, n' « est plus » !" Dans le Tanah, il n'y a jamais mention des filiations par la mère. Toutes les filiations, sans exception, sont toutes par le père. Or, je crains que l'inspirateur du Tanach, D.ieu en l'occurence, ne peut pas avoir inspiré dans un sens unique (par le père), pour que des esprits bien faits en tirent ensuite l'inverse (par la mère). Qu'en pensez vous ?

 

Merci beaucoup de poursuivre les réponses à mes questions. Shalom

Lundi 06 novembre 2017 à 22h27

Chalom 

 

Je vous envoie la réponse du Rav Olivier à votre attention :

 

Cher François, je me permets, afin de vous répondre, de commentez certains de vos arguments : 

Je crois au caractère révélé de la Torah, mais aussi de la totalité du Tanach. C'est pourquoi je serais ravi de connaitre les références des versets de la Torah desquels de grands esprits ont déduits la matrilinéarité qu'ils auraient retranscrits dans la Michna et le Talmud, qui ont ensuite permis à des Rabbins des 16eme te 17eme siècle de notre ère d'en tirer très tardivement la règle de la matrilinéarité.

 

La formulation de votre question me laisse soupçonner (même si ce n’est pas le cas) que ma réponse n’a pas été comprise : lorsque je mets en avant le caractère révélé de la Torah, c’est justement pour montrer que les sources bibliques sont, dans notre problématique, secondaires. (Elles ne le sont en réalité pas, car elles sont précieuses pour comprendre la quintessence de cette loi, mais elles sont secondaires parce que dans la transmission de cette loi, c’est essentiellement son caractère orale, transcrit dans le Talmud, qui prévaut.) Il y a une loi transmise oralement depuis le Sinay, que l’on peut retrouver par allusion dans le texte. Ce n’est pas une méthode propre au problème de la filiation, c’est un classique du droit juif.  Or, si l’on peut discutailler sur la qualité de la déduction et son caractère convaincant (c’est pour cela que l’étude du Talmud existe, il faut parfois des semaines et des mois pour saisir la profondeur des arguments et des sources en présence), il faut admettre l’existence antérieure de certaines lois. En l’occurrence, cette loi a toujours fait  l’objet d’un consensus chez les rabbins, et j’ignore d’où vous êtes aller pêcher que les rabbins ont attendus le 16 et 17ème siècle pour établir cette règle : même les  plus sceptiques parmi les sceptiques ne font pas remonter l’affaire à une période plus tardive que celle de la Michna !


Vous écrivez : "Dire que des grands personnages ont fautés (à leur niveau), n’est pas nouveau dans la Torah. Et alors ? En quoi cela remet il en question la filiation ?"
Cela remet en évidence que leur descendance ne font plus partie du peuple d'Israel, élu de D.ieu, C'est très vrai pour les enfants de Moïse, de Joseph (Ephraim et Manassé), et il y en a beaucoup d'autres dans les descendances ultérieures.

 

Là aussi, ma réponse n’a apparemment pas été suffisamment claire. Tout d’abord, les exemples pré- sinaïtiques ne sont pas pertinents. Il est possible que les règles de  filiations ait été différentes de celle que la Torah prévoit. D’autant plus que le « peuple juif » tel qu’on le définit aujourd’hui n’existait qu’en germe. D’autre part, pourquoi ne pas admettre que les femmes étrangères prises pour épouses aient été tout simplement converties ? N’est-ce pas le cas de Ruth, qui en est devenu tout un symbole ? Moise a choisi pour épouse une midianite, so wath ? N’a-t-elle pas rejoint le peuple d’Israel ? Lorsque vous dites « Cela remet en évidence que leur descendance ne font plus partie du peuple d'Israel » , j’ai dû mal à saisir qui vous visez en particulier : ceux d’avant le Sinay ne sont pas concernés par ces règles concernant les statuts particuliers.
 

Quant aux personnages post sinaïtiques:
-  Soit leurs femmes ont été converties en bonne et due forme, donc aucun problème.
- Soit leurs enfants ne sont pas juifs mais n’ont pas été intégrés au peuple d’Israel, c’est-à-dire n’ont pas été reconnus comme juifs.
-  Soit ils ne sont pas juifs et se sont confondus dans la masse du peuple juif, bref : ils ont échappés aux filets des rabbins. Mais cela n’a aucune incidence sur le caractère élu du peuple d’Israel : en effet, aucune loi et aucun rabbin n’exige un arbre généalogique remontant à Jacob pour être déclaré comme juif ! C’est le principe de présomption qui fait office de loi. Est juif qui est présumé comme tel, point final. Ou, si vous préférez, est élu qui est présumé comme tel. Pas besoin d’ADN. 
      


Dans le Tanah, il n'y a jamais mention des filiations par la mère. Toutes les filiations, sans exception, sont toutes par le père. Or, je crains que l'inspirateur du Tanach, D.ieu en l'occurence, ne peut pas avoir inspiré dans un sens unique (par le père), pour que des esprits bien faits en tirent ensuite l'inverse (par la mère).
 

Je comprends votre étonnement et je le partage. Mais en replaçant les choses dans leur contexte, vous verrez que les choses ne sont pas si simples. Lorsque je dis cela, je n’entends pas vous démontrer avoir raison, mais vous montrer qu’il est impératif de sortir du schéma trop simple que vous proposez, à savoir celui d’une Bible qui conçoit la filiation par le père face à des rabbins qui la conçoivent par la mère :
- tout d’abord, je vous le répète, dans le judaïsme, la filiation passe pour l’essentiel par le père. Tribus, familles, héritages, tout cela est dépendant du père. Donc y a pas de quoi s’étonner. La question n’est donc pas pourquoi la filiation dans la Bible passe par le père, cela est normal. La question est pourquoi la filiation par la mère est quasi absente.
- il se trouve que dans le Talmud aussi, la filiation par la mère est quasi absente. En réalité, la filiation par la mère ne représente dans le Talmud que peu de choses, comparé au reste. La filiation par le père occupe une place bien plus importante (Cohen, Lévi, héritages,  etc.) . Et pourtant, la loi talmudique est sans ambigüité à ce sujet : est juif qui est né de mère juive.  Ce qui ne fait que confirmer l’idée suivante : si la filiation par la mère est certes  importante au niveau du vécu moderne et des problèmes qui sont à l’ordre du jour dans beaucoup de communautés en Israel et ailleurs, il n’occupe qu’une maigre place dans la Bible et dans la Torah orale. Peut-être est-ce justement du fait de son caractère évident !  Personne n’a jamais pensé à remettre en cause cette règle élémentaire, voilà à mon avis la raison de ce silence ! Il a fallu attendre Ben Gourion pour que l’on se pose une fois la question : qui est juif ?

 

En résumé, je prétends qu’il n’y a pas davantage d’indice dans la Torah écrite de filiation par la mère que d’indice de filiation par le père (concernant le statut basique d’Israel , pas concernant la famille, la tribu, etc.) et que tout dépend de ce que l’on prend comme axiome de départ : une transmission orale fiable ou des règles inventées selon les besoins du moment.
(Je précise tout de même que de l’épisode d’Ezra qui demande: « Et maintenant, contractons avec notre Dieu l’engagement de renvoyer toutes ces femmes et leur progéniture, selon la volonté de Dieu»  - Ezra 10 - il ressort que la filiation juive passe par la mère.)

 

Si mes explications vous interpellent encore, n’hésitez pas à le faire savoir.

Bien à vous.

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Lundi 06 novembre 2017 à 23h21

A l'attention du Rav Olivier

 

Cher Olivier, eh bien, je prends ce que vous dites que "la filiation juive passe par ma mère".

 

D'une part, vous accepterez avec moi, que "ce qui se pense bien, s'énonce clairement", et D.ieu n'a jamais fait le contraire de cela en inspirant la parole révélée du Tanah. Il n'y a aucune contradiction dans son texte. Alors pourquoi y aurait-il des affirmations bien claires, sur la filiation paternelle, comme vous le reconnaissez aussi, alors que ce qui ne serait pas dit, la filiation par la mère (quasi absente), serait supérieur ?

 

Ce serait une incohérence divine qui nous surpasse, et qui n'est pas tolérable car D.ieu n'est pas incohérent. Le remettre en cause serait similaire à ce que nos ancêtres ont fait trop souvent et amènerait à notre chute douloureuse. Alors, dans la période post-sinaïque, au moment de l'entrée en Terre Promise, qui est, devient ou reste juif lorsque "Les enfants d'Israël demeurèrent au milieu des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens.Ils prirent leurs filles pour femmes, donnèrent leurs propres filles aux fils de ces peuplades et adoptèrent leur culte" ?

 

Le peuple d'Israël a pris pour femmes les filles des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens, et ils adoptèrent leur culte ! C'est clair que le peuple d'Israël s'est détourné fondamentalement de l'Eternel, et que les femmes qu'ils ont adoptées ne sont pas devenues juives puisque leurs maris ont adoptés le culte des peuplades Cananéennes, Hétéennes, ....

 

Et il n'est nullement question ici lors de l'entrée en Terre Promise de question de famille, de tribu, d'héritage,... Il est question de savoir qui continue à être le Peuple élu de D.ieu, qui doit continuer à vivre. Or, si je prends votre raisonnement, la matrilinéarité a amené les Cananéens, Les Hétéens, les Amoréens, les Phéréziens, les Hévéens; les Jébusiens, à devenir le Peuple élu de D.ieu parce qu'ils ont pris pour épouse les filles du Peuple élu. Dans cette épisode qui est à l'origine de notre présence en Terre Promise, et de toute notre histoire post-sinaïque racontée avec ses hauts heureux et ses bas malheureux, le raisonnement de la matrilinéarité ne tient pas une seconde.

 

Sauf à ce que des hommes, des rabbins certes quelque fois, se soient déclarés plus importants que D.ieu pour prendre une position qui n'est pas celle du Très-Haut. Dernier point de discussion, lorsque vous dites :"en effet, aucune loi et aucun rabbin n'exige un arbre généalogique remontant à Jacob pour être déclaré comme juif !

 

C'est le principe de présomption qui fait office de loi. Est juif qui est présumé comme tel, point final. Ou, si vous préférez, est élu qui est présumé comme tel. Pas besoin d'ADN".

 

Lorsqu'il y a demande de mariage, les rabbins demandent toujours la preuve de la judaïté des mariés, et ils ne se satisfont jamais d'une présomption. Et tout ceci m'interpellent au sujet de la fiabilité de la Loi orale, qui est moins certaine que la Loi écrite et que le texte écrit et inspiré par l'Eternel.

 

 Vous avez écrit dans une réponse précédente : "Puisque l'enfant né d'une étrangère n'est plus juif, point n'est besoin de mentionner sa filiation puisque celle-ci, pour ainsi dire, n' « est plus » ! Le Tanah n'est que l'histoire du Peuple d'Israël, élu de D.ieu, qui a pris lors de son entrée en Terre Promise des femmes étrangères.

 

Et l'histoire de notre Peuple "est toujours", alors que selon votre affirmation, ses enfants ne "sont plus"'. Cela ne vous interpelle pas sur la primauté, unique et exceptionnelle, de la patrilinéarité ?

 

Continuons la discussion.

 

Shalom François

Dimanche 12 novembre 2017 à 22h06

Je vous envoie la réponse du Rav à votre attention :

 

Cher François, je reprends vos arguments en vous citant :

 

Vous avez écrit dans une réponse précédente : "Puisque l’enfant né d’une étrangère n’est plus juif, point n’est besoin de mentionner sa filiation puisque celle-ci, pour ainsi dire, n’ « est plus » !
Le Tanah n'est que l'histoire du Peuple d'Israël, élu de D.ieu, qui a pris lors de son entrée en Terre Promise des femmes étrangères. Et l'histoire de notre Peuple "est toujours", alors que selon votre affirmation, ses enfants ne "sont plus"'. Cela ne vous interpelle pas sur la primauté, unique et exceptionnelle, de la patrilinéarité

D'une part, vous accepterez avec moi, que "ce qui se pense bien, s'énonce clairement", et D.ieu n'a jamais fait le contraire de cela en inspirant la parole révélée du Tanah. Il n'y a aucune contradiction dans son texte.

 

Mais une « absence » n’est pas une « contradiction » ! Le texte ne fait tout simplement pas cas de manière explicite de la filiation par la mère quant au statut de juif. Lorsque la Torah envisage en revanche la filiation par le père, ce n’est que pour des domaines qui ne concernent pas la judéité en elle-même ! Donc il n’y a aucune contradiction, il n y a même pas  d’ « omission », puisqu’une omission connote le fait qu’il devait normalement y avoir quelque chose. (Me semble-t-il du moins. Je ne suis pas expert en la matière).


Quant à l’adage « ce qui se conçoit etc. », je suis sceptique. « Clairement » ne veut pas dire « immédiatement ». Ma modeste expérience me laisse penser que le texte de la Bible s’énonce clairement à un certain niveau de lecture seulement. Et encore, j’ai peine à croire que vous entrevoyez une once de clarté dans certains récits bibliques. Mais disons que la Bible peut « se lire » à un certain niveau. En revanche, pour en tirer des lois ou des injonctions, il faut interpréter et commenter. Or, la lecture interprétative reste la lecture prédominante, la lecture « basique » étant secondaire. Les commentaires « basiques » du texte biblique ne sont apparus qu’au moyen âge (Even ezra, Radak, etc. ) :  C’est bien que ce mode de lecture est secondaire dans le judaïsme. Bref, je ne crois pas qu’il faille être surpris du caractère non immédiat de la lecture « doctorale » du texte. Il s’agit d’une lecture savante.                 

 

Alors pourquoi y aurait-il des affirmations bien claires, sur la filiation paternelle, comme vous le reconnaissez aussi, alors que ce qui ne serait pas dit, la filiation par la mère (quasi absente), serait supérieur ?
Ce serait une incohérence divine qui nous surpasse, et qui n'est pas tolérable car D.ieu n'est pas incohérent.

Le remettre en cause serait similaire à ce que nos ancêtres ont fait trop souvent et amènerait à notre chute douloureuse.

 

« Incohérence » c’est lorsqu’il y a désordre ou confusion interne, ce qui n’est pas le cas ici. Au contraire, ici, la Torah est cohérente avec elle-même lorsqu’elle transmet le législatif par déduction. Ce serait incohérent si ce n’était le cas qu’ici seulement et pas ailleurs. Or il y a des tonnes de lois qui sont déduites sur ce mode.

En l’occurrence, voici les versets du Deutéronome (7:3-4) qui ont servi de source pour le principe de matrilinéarité. Vous constaterez la complexité de la déduction :

 

« Ne te marie pas avec eux : ta fille ne la donne pas à son fils, et sa fille ne la prends pas pour ton fils. Car il éloignerait ton fils de Moi, et ils serviraient des dieux étrangers ; et la colère de Dieu s’enflammerait contre vous, et Il t’anéantirait bien vite ».
Le Talmud (Kidouchin 68b) interprète ainsi ce passage : 

« Le fils que te donne une femme israélite s’appelle “ton fils”, mais le fils que te donne une femme étrangère ne s’appelle pas “ton fils”, mais “son fils”. » On remarque qu’est mentionné l’éloignement du « fils » et non de la fille. On  en déduit alors que le « fils » dont il est question ici est en fait n’est pas le fils. Alors qui est- ce? Le « petit-fils ». En effet, dans la Bible il arrive souvent que les petits enfants  soient appelés « enfants ». Or, ce « fils » se rapporte à la première proposition du verset  : « ta fille ne la donne pas à son fils ». Donc le petit-fils qui pourrait être éloigné par son parent idolâtre, c’est le fils de « ta fille ». Et pourquoi pas le fils de « ton fils » marié avec une idolâtre ? car il n’est pas juif , puisque sa mère est idolâtre.(il y a une explication différente des Tossefots).

Comme vous voyez, le raisonnement n’est pas simple. Il n’est pas à prendre ou à laisser. Il est à étudier et à découvrir pour s’en imprégner. Ce n’est pas pour rien que les Sages ont choisi ce verset. Ils auraient pu dire que la loi est reçue du Sinaï et c’est tout. S’ils ont apporté ce verset, c’est que le raisonnement qui y est déduit est cohérent, imparable. Or, la quasi-totalité des lois sont déduites sur ce modèle. Il est vrai que le cas présent est difficile. Mais nous parlons que de principe : si c’est le mode habituel de la Torah, trouvez-vous cela incohérent ? A moins que vous trouvez l’ensemble de la méthode rabbinique incohérente. Mais alors pourquoi vous braquez vous sur la filiation ? Autant s’intéresser au problème de manière générale!   
 
En réalité, ce que vous trouvez incohérent, c’est que l’histoire (Biblique)  ne semble pas correspondre à la législation. Mais en fait, ce sont deux disciplines bien différentes. Le rôle du législateur est de dire la loi, sans forcément tenir compte de l’histoire. L’histoire, en l’occurrence, ne raconte pas les aventures juridiques de chacun des mariages « mixtes », alors pourquoi mêler les disciplines ? Le peuple élu ce n’est pas une histoire « génétique ».             

 

Alors, dans la période post-sinaïque, au moment de l'entrée en Terre Promise, qui est, devient ou reste juif lorsque "Les enfants d'Israël demeurèrent au milieu des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens.Ils prirent leurs filles pour femmes, donnèrent leurs propres filles aux fils de ces peuplades et adoptèrent leur culte" ?
Le peuple d'Israël a pris pour femmes les filles des Cananéens, des Hétéens, des Amorréens, des Phéréziens, des Hévéens et des Jébuséens, et ils adoptèrent leur culte ! C'est clair que le peuple d'Israël s'est détourné fondamentalement de l'Eternel, et que les femmes qu'ils ont adoptées ne sont pas devenues juives puisque leurs maris ont adoptés le culte des peuplades Cananéennes, Hétéennes, .... Et il n'est nullement question ici lors de l'entrée en Terre Promise de question de famille, de tribu, d'héritage,... Il est question de savoir qui continue à être le Peuple élu de D.ieu, qui doit continuer à vivre. Or, si je prends votre raisonnement, la matrilinéarité a amené les Cananéens, Les Hétéens, les Amoréens, les Phéréziens, les Hévéens; les Jébusiens, à devenir le Peuple élu de D.ieu parce qu'ils ont pris pour épouse les filles du Peuple élu.

 

Vous avez entièrement raison (davantage même que ce que vous pensez)  et c’est précisément là que vous faites une grave confusion, à mon avis : bien entendu que cet épisode est dramatique car il remet en cause le maintien du peuple juif, mais sûrement pas à cause de la matrilinéarité ! ! Lisez attentivement le texte : le peuple n’est pas menacé parce qu’il s’autodétruit « démographiquement » ou « biologiquement » ! C’est même le contraire, paradoxalement, qui est vrai : c’est parce que ce peuple introduit légalement des composantes idolâtres et considérés comme lui étant foncièrement nocives qu’il contrarie le projet divin, et ce, même si les problèmes de filiation sont réglés ! Si le problème n’était que juridique, il serait surmontable : la conversion est faite pour cela. Non ! Le problème est d’ordre structurel, moral, éthique, identitaire : soit le peuple est avec D., soit il « épouse » la culture cananéenne. Voilà l’enjeu ! C’est plus que criant dans le texte. Le problème de la filiation a pu, a dû, a surement, été surmonté : c’est l’affaire des juges. La vérité est là : la Bible s’en tient à l’essentiel, parce que dans sa partie « narrative » les questions de halakha n’apparaissent qu’en filigrane. Si le problème était démographique, et bien soit ! Admettez que ces femmes aient été converties !     

 

Dans cette épisode qui est à l'origine de notre présence en Terre Promise, et de toute notre histoire post-sinaïque racontée avec ses hauts heureux et ses bas malheureux, le raisonnement de la matrilinéarité ne tient pas une seconde.

Ah bon ? Et qu’en est- il aujourd’hui ? la majorité écrasante des juifs de par le monde s’assimile doucement et pourtant la règle de matrilinéarité ne s’est jamais portée aussi bien. Vous le dites vous-même : quiconque doit se marier doit prouver sa judéité. Pourquoi pensez-vous que cela ait été différent jadis ? Parce qu’il n’y avait pas de rabbins ? j’ai du mal à comprendre votre raisonnement. Ezra le scribe, en faisant monter tout un peuple assimilé, a pris la peine en premier lieu de mettre de l’ordre dans les filiations : n’est-ce pas la preuve que ce problème « voyage » avec nous depuis toujours ?

 

Sauf à ce que des hommes, des rabbins certes quelque fois, se soient déclarés plus importants que D.ieu pour prendre une position qui n'est pas celle du Très-Hau

 

Cela ne tient pas la route du tout : s’il y avait eu la moindre modification dans cette règle, cela aurait été « acté », « noté », précisé, dans le Talmud : les rabbins sont souvent intervenus dans la halakha pour l’étendre, l’adapter, etc. selon ce qui leur était permis par la Torah elle-même. Mais ils ne se sont pas gênés de le faire savoir, et clairement. C’est le « béaba » de toute étude du Talmud : d’où sait-on ? Pourquoi cela a changé ? Cela vient de la Torah ou des rabbins ? etc. Pour qui est familier de l’étude de la Torah il est tout simplement inconcevable qu’un changement aussi gros soit passé pour ainsi dire inaperçu !  

 

Dernier point de discussion, lorsque vous dites :"en effet, aucune loi et aucun rabbin n?exige un arbre généalogique remontant à Jacob pour être déclaré comme juif ! C?est le principe de présomption qui fait office de loi. Est juif qui est présumé comme tel, point final. Ou, si vous préférez, est élu qui est présumé comme tel. Pas besoin d?ADN".
Lorsqu'il y a demande de mariage, les rabbins demandent toujours la preuve de la judaïté des mariés, et ils ne se satisfont jamais d'une présomption

 

Mais la preuve de judaïté, ce n’est rien d’autre qu’une présomption ! On suppose que si vos parents possèdent par exemple une kétouva en bonne et due forme, c’est qu’ils étaient considérés comme juifs lorsqu’ils se sont mariés. Lorsque l’on parle de présomption, cela ne veut pas dire qu’il soit interdit de vérifier ce que l’on est mesure de vérifier si cela est possible. Mais personne ne va vous demander des preuves d’ascendance remontant jusqu’à la Révolution française. Mieux : le Talmud affirme aux sujets de certaines familles dont il est possible que leur statut d’Israel ou de non-mamzer ne soit pas certain, qu’ils sont désormais confondus dans le reste du peuple juif et qu’il y a un interdit de révéler ou d’enquêter sur leur statut. (Merci de ne tirer aucune conclusion pratique de ces quelques points, puisque le droit juif est toujours plus complexe qu’il apparait.) Quoi qu’il en soit, puisque personne n’est en mesure de certifier la cacherout de l’ascendance de tout à chacun, c’est bien le principe de présomption (si présomption il y a ! toutes les situations ne se valent pas !) qui fait office de garant.

 

Et tout ceci m'interpellent au sujet de la fiabilité de la Loi orale, qui est moins certaine que la Loi écrite et que le texte écrit et inspiré par l'Eternel.

 

Il est toujours bon d’être interpellé, c’est comme cela qu’on avance. Mais il faut continuer dans ses recherches.

 

Premièrement,  dire que le texte écrit est plus certain que la loi Orale, est un non sens, car la Loi orale n’est autre que la grille de lecture du texte écrit. Comment accorder une inspiration divine au texte écrit, alors qu’il ne s’aborde comme source révélée que par témoignage millénaire, lequel témoignage fait état d’une loi orale prédominante !?!?! D’autre part, la loi orale étant re-formulée par les Sages pour chaque génération, elle trouve sa légitimité dans son « existence » même ! Le propre de la loi orale, c’est qu’elle accorde légitimité à l’interprétation rabbinique (sérieuse)  avec toute la subjectivité que cela implique. Alors que le texte écrit, lui, est figé une fois pour toute et se donne à maintes lectures.

 

Enfin, la loi orale est dotée d’un tel arsenal de protections dans sa transmission et son élaboration perpétuelle, qu’il est impensable que des changements se  soient introduits sans qu’ils aient été « actés ». Essayez d’introduire un petit changement dans le texte de la prière à la synagogue Chabat prochain, et vous allez recevoir une pluie d’injure et de tomates, dans le meilleur des cas !

 

Pour finir, je ne nie aucunement l’intérêt de vos  remarques que je trouve pertinentes au plus haut point. Je m’efforce simplement de démontrer qu’elles ne remettent pas en question l’authenticité de la halakha ni du peuple élu, qui ne l’est d’ailleurs pas par je ne sais quel gêne ancestral mais uniquement comme entité porteuse d’un projet universel.            

 

Bien à vous

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L'étude d'aujourd'hui est dédiée à la réfoua chélema de Rabbi Avraham Moréno Albert Ben Rivka. 

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