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Je dois raccrocher le téléphone pour répondre aux parents ?

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Mercredi 05 décembre 2018 à 23h56

Bonjour Kvod Harav, c'est Yeshouah, merci pour vos cours si intéressants et instructifs,

je voulais poser la question que ma Kala vous avait posé au sujet du respect des parents lors d'un appel : Si on est au téléphone avec quelqu'un ou en train de parler avec quelqu'un et notre père ou notre mère nous appelle, est ce que nous avons l'obligation de raccrocher ou de nous interrompre dans notre conversation pour répondre à nos parents ?

Encore un grand merci pour tout Kvod Harav

Mercredi 19 décembre 2018 à 18h00

Chalom Ouvrakha !


Vous posez une excellente question, à laquelle il me semble que nous ne pouvons répondre qu’en envisageant un certain nombre de cas pratiques. Je précise aussi que je n’ai vu aucun décisionnaire traiter de cette question, y compris les décisionnaires les plus contemporains. Je vais donc vous écrire une Téchouva à ce sujet.

 

Tout d’abord, il me semble important de préciser que lorsque vous êtes au téléphone avec quelqu’un et que vous entendez le signal de deuxième ligne, vous n’avez aucun devoir de regarder qui vous cherche, pour pouvoir éventuellement répondre rapidement si c’est l’un de vos parents. Si vous vous habituez à ne pas regarder l’écran du téléphone au moment où vous êtes en pleine discussion vous gagnerez beaucoup de choses :

 

    - Beaucoup plus de sérénité et de tranquillité, ainsi que les Baalé Moussar nous ont appris. Pour bien vivre il faut vivre le présent et se concentrer à fond sur le présent. C’est-à-dire que lorsque vous parlez à quelqu’un ne soyez qu’avec lui, et avec rien d’autre.

 

    - Que les personnes sachant que telle est votre coutume ne se vexeront pas du fait que vous ne leur avez pas répondu, y compris vos parents.

 

    - L’honneur de la personne qui est en train de vous parler et qui ne serait probablement pas contente de savoir que les quelques mots qu’elle est en train de dire ne seront pas écoutés le moment que vous retiriez le téléphone de votre oreille pour regarder l’écran.

 

C’est d’ailleurs dans le même ordre d’idées que le Rav Gross chlita a répondu à la question « Lorsqu’on est en train d’étudier et que le téléphone sonne est-on tenu de s’interrompre pour répondre, au cas où il s’agit d’une Mitsva qu’on est le seul à pouvoir accomplir et dont la Halkaha affirme qu’on a le devoir d’interrompre son étude pour ce genre de Mitsvot ? ». Il répond qu’on n’a pas le devoir dès lors qu’on ne sait pas s’il s’agit d’une Mitsva ou pas.

 

Certains décisionnaires tels que le Rav Elyachiv a répondu qu’on doit répondre puisque le simple fait de répondre est considéré comme du ‘Hessed ainsi qu’on va le prouver plus loin.
Venons-en à présent au cas où vous avez regardé l’écran et où vous avez vu que l’un de vos parents vous cherche, quelle sera l’attitude à adopter ?

 

Le principe général est que lorsque l’on est en train d’accomplir une Mitsva, on est dispensé de l’accomplissement d’une autre Mitsva. Ainsi, dans le cas où je suis en train d’accomplir la Mitsva de Hachavat Avéda, si mon père me demande de cesser cette Mitsva pour venir l’aider, je n’en ai pas le devoir, et je peux et doit continuer l’accomplissement de la Mitsva que je suis en train d’accomplir à moins que je puisse accomplir l’une des Mitsvot sans compromettre l’autre. Il est évident que si au moment où j’accomplit la Mitsva de Hachavat Avéda mon téléphone sonne et qu’il s’agit de l’un de mes parents, si le fait de répondre compromettra l’accomplissement de la Mitsva je n’en aurai pas le devoir. Cf. Choul’han Aroukh ‘Hochen Michpat chap. 266 § 5, et les propos des commentateurs (Sma, Taz etc.).

 

Venons-en à présent la question de savoir si parler au téléphone avec la première personne est considéré comme étant du ‘Hessed ou pas. Ou est-ce que d’interrompre sa discussion avec elle serait considéré comme une forme de vexation.

 

Il me semble clair que l’on peut établir une différence entre certains cas de figures. Si je suis en train de répondre à une question de Halakha qui m’a été adressé, il est évident que je suis en train d’accomplir une Mitsva de ‘Hessed, accompagné d’une Mitsva d’enseigner la Torah etc. Mais même si une personne m’a simplement appelé pour me demander un service ou pour me raconter ses difficultés etc. c’est aussi une Mitsva de ‘Hessed. Le simple fait de répondre à une personne qui souhaite nous parler est considéré comme étant du ‘Hessed.

 

Toutefois il peut y avoir des cas où le fait de parler n’est pas considéré comme étant du ‘Hessed. Si j’ai de moi-même téléphone à quelqu’un pour papoter avec lui, ou pour lui demander un service, on ne peut pas dire que je l’ai appelé pour faire du ‘Hessed avec lui. Ce qui, par contre est possible est que le fait de lui raccrocher au nez va pouvoir le vexer, blesser etc. ce qui est aussi interdit d’après la Torah. Le Pit’hé ‘Hochen par exemple écrit que c’est un interdit de Honaa de ne pas répondre à une personne qui cherche à nous contacter.

 

Pour récapituler nos propos : Puisque la discussion au téléphone entre généralement dans le cadre d’une Mistsva, nous n’avons pas d’obligation d’interrompre cette discussion pour répondre à nos parents.

 

A présent, nous pouvons poursuivre la réflexion. S’il est possible de concilier les deux. Et, de demander gentiment à notre interlocuteur si cela ne le dérange pas qu’on le rappelle après, et ce, en l’honneur de nos parents, et que ceci est de son côté (à l’interlocuteur) effectivement possible, et ne le vexera pas, c’est sûr que sera l’idéal de procéder de la sorte. En somme, si cela n’est pas possible, on n’aura pas l’obligation de le faire.

 

Autre possibilité, demander explicitement à ses parents s’ils ont d’accord que l’on ne s’interrompe pas lorsque l’on parle avec d’autres gens et qu’on ne les rappellera qu’aussitôt la discussion terminée. S’ils expriment leur accord sans aucune réserve, il n’y aura plus de problème. Si l’on sait que les parents ne sont pas du tout dérangés par le fait qu’on ne leur réponde pas immédiatement c’est possible que le problème soit résolu même si on ne leur a pas demandé la permission.

 

Dans le cas où l’on est au téléphone avec son Rav et que les parents appellent il est évident que l’on ne devra pas interrompre les propos avec le Rav, puisque la Halakha tranche explicitement que l’honneur que l’on doit au Rav est supérieur à celui que l’on doit aux parents.

 

Dans le cas où le fait de raccrocher pour répondre aux parents peut engendrer une perte d’argent, il sera tout à fait autorisé de ne pas leur répondre selon l’opinion qui affirme que le devoir de respecter ses parents doit être fait avec l’argent des parents et que l’enfant n’a pas de devoir de dépenser de son propre argent pour les honorer et a fortiori qu’il n’a pas le devoir de perdre.

 

Enfin, il me semble que l’on peut se poser la question, dans le cas où l’on sait que notre interlocuteur ne sera pas dérangé à ce que l’on raccroche pour le rappeler plus tard, mais que nous-mêmes n’osons pas le lui demander par simple honte etc. Est-on dans le devoir d’essuyer une honte pour l’honneur de nos parents ou pas ? Il semble qu’on n’a pas l’obligation de se rentrer dans une situation vraiment gênante pour l’honneur de ses parents ainsi qu’il ressort des propos du Choul’han Aroukh (chap. 263 § 1). Cf. aussi ce que nous avons détaillé dans notre ouvrage Hachavat Avéda de A à Z au chapitre 16.

 

Enfin je souhaite conclure qu’il est évident que cette Halakha est assez générale. Ensuite au cas par cas il faut y réfléchir. Par exemple une femme mariée qui est au téléphone avec son mari, et voilà que ses parents l’appellent, si le mari tient rigueur à sa femme dans ce genre de cas elle n’aura pas le droit de raccrocher pour répondre à ses parents même si eux aussi lui tiennent rigueur. En effet, l’honneur du mari passe avant l’honneur des parents ainsi que l’affirme la Halakha.

 

On pourrait encore longuement réfléchir à la question. Si certains lecteurs ou certaines lectrices ont des arguments supplémentaires à apporter, ou des idées supplémentaires, veuillez les partager afin que l’on accède au Emeth Laamita !

 

Kol touv !

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Mercredi 19 décembre 2018 à 21h56

Chalom Rav; Merci beaucoup pour cette Téchouva (et merci aussi au questionneur pour cette question très intéressante).

Vous évoquez cas de la perte d'argent.

Qu'en serait-il d'un manque à gagner ? (exemple: négocier une affaire au téléphone, ou une réduction ... etc.)

Merci Rav!

Jeudi 20 décembre 2018 à 23h41

Cela dépend indépendamment de tout ce qui a été expliqué si le Kiboud Horim est aux frais des parents ou de soi même mais aussi de la situation financière du fils et s'il a urgemment besoin de se manque à gagner ou pas.

Kol Touv !

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L'étude d'aujourd'hui est dédiée à la réfoua chélema de Rabbi Avraham Moréno Albert Ben Rivka. 

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