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Perles sur la parachat Toldot

Mardi 18 novembre 2014

Pourquoi la prière du juste fils de juste est plus facilement acceptée? Pourquoi Rivka ne consulta pas son mari? Pourquoi Essav posait-il à son père des questions apparemment superflues? Comment s'enrichir? Itsh'ak aimait-il vraiment manger? Des réponses dans les lignes suivantes.

 


" Itsh'ak implora l'Éternel au sujet de sa femme, car elle était stérile. L'Éternel l’exauça, et sa femme Rivka conçut" (25,21).
 

Rachi précise que c'est la prière d'Itshkak qui fut exaucée. C'est que, disent les maîtres, la prière du Tsadik fils de Tsadik (en l'occurrence Itzh'ak ) n'est pas comparable avec la prière du Tsadik fils de Racha (en l'occurrence Rivka). Cette appréciation de la prière valorisant celle du "fils de Tsadik"  pourrait troubler nos convictions: le fils de Racha ayant peiné pour acquérir des réflexes de prières ne produit-il pas une prière plus sincère, plus méritante?

 

L'explication donnée par le Rav Wolbe jette une lumière sur cet enseignement: '' la prière de Rivka n'était pas spontanée car elle devait "se forcer" à prier, contrairement à Itsh'ak chez qui la prière était naturelle. Or la prière est un épanchement de l'être. Le roi David disait " Je suis prière" (Téhilim 109) car celui qui prie doit y faire participer tout son être. Mais cela n'est réalisable que par celui chez qui la prière est une nature. C'est pour cela que la prière d'Itsh'ak fut acceptée, car chez lui la prière était naturelle; alors que celle de Rivka était perturbée par ses natures antérieures.''


 

''Les enfants s'agitèrent en elle, et elle dit : « Si c'est ainsi, qu'est-ce que pour moi ? » Et elle alla interroger l'Éternel."(25,22).


Rivka, anxieuse des agitations peu ordinaires dont son ventre était l'objet, alla interroger l'Eternel. Mais qui exactement alla-t-elle consulter ? Rachi indique: "la maison d'étude de Shem, afin que celui-ci lui raconte ce qui lui arrivera finalement". Autrement dit, elle alla consulter celui qui perpétue la toute jeune tradition de la Tora. Beaucoup s'interrogent sur la démarche de Rivka: n'aurait-il pas été plus naturel d'interroger Avraham le beau-père ou Itsh'ak le mari, tous deux d'illustres personnalités aux qualités morales et spirituelles incontestables?

 

Le Maharal dans Gour Arié répond: nos maîtres affirment que les femmes justes ne sont pas concernées par la malédiction ayant touché H'ava, et comprenant la souffrance qui accompagne la grossesse. Rivka en conclut donc que ses fautes étaient responsables de ces douleurs. Elle ne voulut donc point en parler ni avec Itsh'ak, de crainte d'en être  dévalorisée à ses yeux, ni avec Avraham, de crainte qu'il ne regrette ce mariage pourtant prometteur et qu'il encourage son fils à en tirer des conséquences pratiques.

 

" Itsh'ak aimait Essav, car il piégeait par sa bouche, tandis que Rivka aimait Yaakov." (25,28).
 

Rachi rapporte qu'Essav piégeait son père en lui demandant le procédé pour prélever la dîme sur le sel et la paille, excès de zèle patent, puisque ces deux éléments ne sont évidemment pas concernés par le Maasser. Ainsi le père pensait-il que le fils était particulièrement pointilleux dans le domaine religieux. Le choix du sel et de la paille est toutefois curieux et mérite que l'on s'y intéresse quelque peu. C'est que, propose l'un des grands maîtres, Yaakov et Essav se partagèrent les "deux mondes". Alors que Yaakov était voué à l'investissement dans le monde à venir, Essav se devait de développer les conditions matérielles nécessaires dans le monde présent pour permettre à Yaakov de mener sa mission à bien.

 

D'où, d'ailleurs, la volonté d'Itsh'ak de bénir "matériellement"  Essav. Or celui-ci pécha en valorisant ce monde pour ce qu'il est est non en tant qu'instrument pour Yaakov. Il prenait l'écorce pour le fruit, en quelque sorte. Sa question n'était donc pas naïve: si le sel ou la paille ne sont pas considérés comme de la nourriture à proprement parlé, Essav entendait bien prendre l'accessoire pour l'essentiel et en prélever la dîme.

 

" Itsh'ak s’établit à Guerar. Les gens de l’endroit s’enquirent de sa femme ; il leur dit : « C’est ma sœur » (…)" (26, 6/7).
 

En appelant Rivka "ma sœur" Isth'ak exprime un signe d'affection (un peu comme dans le Cantique des Cantiques où "ma sœur" est clairement une marque affective.). Or c'est peu après cet épisode qu'Itsh'ak connaîtra la bénédiction dans son entreprise: "Itsh'ak ensemença dans ce pays et il en recueillit en cette année, le centuple ; l’Éternel l’avait béni.  L’homme prospéra, il devint de plus en plus prospère, jusqu’à ce qu’il fut extrêmement prospère.  Il avait acquis du bétail et du menu bétail, et de nombreuses exploitations" (26, 12/13/14).

 

C'est que, dit le Mei Hashiloah', nos Sages ont promis la richesse à quiconque honore son épouse comme il se doit. La bénédiction, dit le Talmud (Baba Métsia 59), n'est octroyée au foyer  que grâce à la femme. Et le Maharal de préciser que si le masculin est le vecteur de la bénédiction, seul le féminin en est le réceptacle. Si l'adage talmudique trouve son illustration avec l'épisode d'Itsh'ak et Rivka, il en va de même entre Adam et H'ava. Car peu après avoir nommé sa compagne du nom " H'ava ", nom justifié par le qualificatif '' Em Kol H'ay"/ ''Mère de tout vivant'' et  exprimant donc clairement une marque d'amitié, Adam et H'ava se voient gratifiés par Hashem de "tuniques de peau" (dont la signification dépasse le cadre de cet article). C'est encore chez Avraham et Sarah que nous retrouvons le même scénario puisqu'après avoir appelé son épouse "ma sœur" il connaitra également la bénédiction.


 

"Et à présent, prends, je t’en prie, ton équipement de chasse, ton épée et ton arc, sors dans les champs et chasse-moi du gibier. Puis fais-moi des mets délicieux comme j’aime et amène-les-moi pour que je mange afin que mon âme te bénisse avant que je meure"(27,3/4).
 

Itsh'ak était-il si avide des bons petits plats de son fils? Bien sûr que non. En donnant plaisir à son corps il souhaitait éveiller les forces de son âme. Celles-ci seraient alors disposées à accueillir l'Esprit du Sacré, pour les bénédictions. La Présence Divine ne reposant que dans la joie. Et s'il ne demanda pas à écouter de la musique, activité certainement plus raffinée, c'est qu'il souhaitait justement que l'inspiration de sa joie soit de la même nature que l'objet de sa bénédiction. En effet il bénira son fils essentiellement de bénédictions "alimentaires"  ("L’Éternel te donnera de la rosée des cieux et des graisses de la terre, et abondance de blé et du vin"-27;28 ).

 

C'est là un grand principe: la bénédiction est de la même nature que l'effort fourni. Pour exemple, les libations d'eaux au Temple lors de la fête de Souccot engendrent les tombées de pluies bénéfiques; l'offrande d'orge du Omer à Pessah' engendre la bénédiction des cultures agricoles, les pains amenés au Temple à Chavouot engendrent la bénédiction des arbres fruitiers.

 

Il en va de même dans le registre des Mitsvots: si le monde ici-bas n'est pas le lieu de rétribution pour les Mitsvots accomplies; ces dernières en revanche sont susceptibles de produire des effets du même genre. Celui qui est attentif à la Mitsva du Tsisit méritera un beau vêtement, etc… (D'après Rabénou Behayé)


 

" Essav conçut de la haine pour Yaakov pour la bénédiction dont son père l’avait béni. Essav dit en son cœur : « Les jours de deuil de mon père sont proches et je tuerai mon frère Yaakov"(27,41).


L' Admour de Ozrov fait remarquer: le mobil de la haine d'Essav envers Yaakov devrait être l'usurpation des bénédictions et non pas le fait que Yaakov en soit le bénéficiaire. C'est que, dit-il, en réalité le motif de la haine n'est pas la privation de bénédictions chez Essav  mais  bien le profit de Yaakov. Autrement dit, la haine pour la haine. Car comme le dit si bien Rabbi Chimon Bar Yoh'ay, "il est une loi (stipulant) qu'il est connu qu'Essav hait Yaakov'' . Comme ça, sans raison véritable…


R.Chmouel Olivier


 
 
   

L'étude d'aujourd'hui est dédiée à la réfoua chélema de Rabbi Avraham Moréno Albert Ben Rivka. 

Merci de prier pour lui !!