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Perles sur la Parachat Vaygach.

Mardi 23 décembre 2014

Quelques perles recueillies en survolant le Séder de Vayigash

 

Différents et unis: le programme du peuple juif.

 


Le début du Séder de Vayigach raconte le vif monologue de Yéhouda face à Yossef et les réactions de celui-ci. Les Sages voient dans cet échange une confrontation entre deux rois. D'un côté Yossef, que les qualités morales et la noblesse de comportement ont propulsés vice-roi d'Egypte et qui sera l'ancêtre de rois en Israel. Et de l'autre côté Yéhouda dont la tribu sera celle choisie comme celle de la  dynastie royale principale au sein du peuple d'Israël.

Pourquoi cette double monarchie? Une lignée royale ne suffit-elle pas?

Cette opposition entre Yossef et Yéhouda témoigne en fait de ce qui fait la particularité des enfants de Yaakov: la diversité dans la ressemblance. Les différentes composantes de ce qui ne constitue encore que le stade embryonnaire du peuple juif témoignent de ce qui est attendu de chacun d'entre nous: développer sa propre personnalité tout en étant confronté à celle, souvent opposée, des autres.

Le Talmud raconte l'histoire d'un homme qui,  se trouvant face au bord de mer assura que s'il avait des palais à construire il choisirait cet endroit. Les rabbins, qui eurent écho de cette réflexion, en conclurent qu'il était affilié à la tribu de Zévouloun, qui, selon les bénédictions de Yaakov, était destinée à fréquenter les plages pour aller commercer outre-mer. Ou bien l'histoire d'un autre personnage qui ne voulait régler ses litiges que devant les juges. Les rabbins l'identifièrent comme héritier de la tribu de Dan, préposée à la justice. Aujourd'hui encore, alors que la plupart des tribus ont disparues, les différentes facettes du peuple sont bien présentes. Et nous contraignent, non seulement à nous confronter sans mépris à la différence de l'autre, mais aussi à apprendre de cet autre ce dont nous sommes nous-mêmes dépourvus.

 

Calcul altruiste. 

 


Ne pas faire honte à autrui, ne pas le faire souffrir, sont des principes évidents de la Tora, le rappeler serait inutile. Il serait intéressant en revanche, d'entrer, à l'aide des enseignements de la Tora, dans le détail de l'application de ces règles avec toute la finesse que l'on connaît. Un exemple parlant est l'explication du Alter de Kelm sur la réaction de Yossef lorsqu'il veut enfin dévoiler son identité à ses frères. Il ne se contente pas de dire "Je suis Yossef" mais il croit bon de rajouter "que vous avez vendu en Egypte etc…" (45,4). On imagine la gêne que peut occasionner ce douloureux rappel pour les frères déjà "déboussolés"! Pourquoi remuer le couteau dans la plaie? Les frères ne connaissent-ils pas de toute façon la vérité?

Le Alter suggère que Yossef a justement souhaité épargner une gêne prolongée et inutile chez ses frères. Prenons l'exemple de deux amis dont l'un est susceptible de connaitre des choses gênantes sur l'autre. En évitant de lui rappeler les informations compromettantes le concernant, il empêchera surement son camarade de vivre tranquillement, ce dernier étant toujours anxieux d'une révélation qui l'humiliera. Peut-être même n'en fermerait- il pas l'œil de la nuit. En revanche, si le premier prend son courage à deux mains et fait part immédiatement au second des vérités qu'il connait le concernant, celui-ci, après avoir certes passé un mauvais moment, sera désormais rassuré de savoir que cela appartient désormais au passé.

C'est dans cet esprit que Yossef rappela les évènements tragiques dont les frères reconnaissaient la responsabilité, pour leur épargner par la suite l'anxiété que pouvait provoquer l'attente de la réaction de Yossef!

 

Le vin de la sagesse.

 

Lorsque Yossef envoie ses frères chercher le vénérable père Yaakov demeuré en Canaan, il lui envoie comme présents, entre autres,  "le meilleur de ce qu'il y a en Egypte", que les Sages identifient comme "du vin qui satisfait l'esprit des Anciens". Quel rapport peut-on établir entre du bon vin et la Sagesse humaine? Nous pouvons répondre: de la même manière que le bon vin s'améliore et se bonifie en vieillissant, l'esprit du Talmid-H'akham se raffine lorsque celui-ci vieillit. Sa sagesse, loin de disparaitre, atteint le stade d'aboutissement, d'affermissement.

Le Rav Galinski racontait l'anecdote suivante: Rabbi Ayzik H'arif était le rabbin de la ville de Slonim (Biélorussie). Ses Drashots publiques étaient très appréciées et impressionnaient les plus érudits. Notamment celle du Chabbat qui précède Pessah' et celle qui précède Kippour. Elles furent consignées dans plusieurs ouvrages qui ne firent que confirmer la hauteur du personnage et de son discours. Un jour, alors qu'il donna une de ces Drashots devant un large auditoire, un personnage, qui n'était apparemment pas conscient de la gravité de propos méprisants qu'il allait prononcer, osa s'adresser au Rav à la fin de son discours pour lui dire: '' La Mishna (Kinim 3,6) affirme que la sagesse des Sages va en s'amplifiant lorsqu'ils vieillissent. Pourtant vos discours des années précédentes étaient bien meilleurs….." Ce à quoi le Rav répondit immédiatement: " Dans la même Mishna il est écrit qu'en revanche les ignorants, lorsqu'ils vieillissent, perdent toute lucidité. Je comprends donc totalement que vous n'ayez rien compris à mon discours…." (Véigadta)

 

La Yéshiva de Yehouda.

 


Yaakov, en route vers l'Egypte, envoie Yéhouda fonder une "Yéshiva" (46, 28, commentaire de Rachi). Si l'on se réfère aux qualités fondatrices respectives de chacun des enfants du Patriarche, on s'étonnera que celui-ci n'ai pas plutôt choisi Lévi, ou Issakhar. Ces deux tribus sont en effet désignées comme étant celles qui portent la responsabilité de l'enseignement de la Loi au sein du peuple. (Pour Lévi voir Deutéronome chap. 33, pour Issakhar voir Chroniques 1, 12).

Le Rav de Ponoviez répondit un jour à cette question, devant le Rav Galinski: Lorsque Yossef accusa ses frères d'espionnage, il fit emprisonner Chimon et demanda à ce qu'on lui amène Biniamine. Yaakov fut d'abord très réticent à la requête rapportée par les frères. Puis, étant contraint d'envoyer ces derniers s'approvisionner en Egypte, il dut accepter l'engagement de Yéhouda d'être le garant pour garder Biniamine sain et sauf. Le comportement de Yéhouda, s'il est courageux, n'en est pas moins surprenant: comment comptait-il se mesurer aux exigences imprévisibles du vice-roi d'Egypte? N'était-ce pas là un engagement qui dépassait ses capacités?

Le Rav de Ponoviez conclut: si quelqu'un est capable de porter sur ses épaules des responsabilités bien plus grandes que ce qu'il peut normalement assumer, c'est qu'il est capable de diriger une yéshiva…(le rav faisait référence aux charges financières énormes qui reposent parfois sur les directeurs d'institutions de Tora, dont il était d'ailleurs un exemple vivant.) (Véigadta)

 

Il y a vivre…et vivre.


Lorsque Yaakov se tient devant le Pharaon et que celui-ci lui demande "quel est le nombre des années de ta vie ?'', Yaakov répond: " Le nombre des années de mes pérégrinations, cent trente ans. II a été court et malheureux, le temps des années de ma vie et il ne vaut pas les années de la vie de mes pères, les jours de leurs pérégrinations" A une question pourtant simple, la réponse de Yaakov est quelque peu compliquée!

Le Rav Wolbe raporte au nom du Rav Brauer (Francfort) que Yaakov répondit exactement à la question de Pharaon et ce en faisant la part des choses:" Etre dans le monde (pérégriner)  et "vivre" sont deux choses différentes. A la question "depuis combien de temps je suis dans le monde" ma réponse est 130 ans. Mais cela ne s'appelle pas encore vivre au plein sens du terme. Car les années où j'ai vécu réellement sont mauvaises et peu nombreuses, et n'atteignent pas les années de vie de mes ancêtres. " Ce que Yaakov a voulu dire au Pharaon, c'est qu'il ne faut pas confondre la vie dépourvue de contenu que les gens nomment "la vie", avec la vie de spiritualité qui est celle des Tsadikims et qui elle seule mérite d'être appelée "vie".
 

 

R. Chmouel Olivier

L'étude d'aujourd'hui est dédiée à la réfoua chélema de Rabbi Avraham Moréno Albert Ben Rivka. 

Merci de prier pour lui !!